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AVANT ACCIDENT

posté le 26-07-2008 à 07:51:35

Si j'avais été là

- Il proposa à la foule de le libérer, comme il libérait chaque année un prisonnier. Mais les meneurs, dans l'assemblée, crièrent "à mort ! qu'on en libère un autre !"...


Le coeur de Nanette battait de plus en plus fort. Elle avait peur que les autres l'entendent. Lui demandent de se taire.

 

- Alors on se moqua de plus en plus de Jésus.

On mit sur sa tête une couronne d'épines, qu'on enfonça méchamment...Jusqu'à provoquer des gouttes de sang qui pleurèrent sur son visage...

Des brigands amenèrent une lourde croix. Toute la foule haineuse se dirigea ver le Calvaire. Une montagne où l'on pendait les méchants. Le chemin pierreux était long. Jésus dû le faire portant cette lourde croix. Tomba plusieurs fois.

Les nantis, qui avaient eu peur que le royaume annoncé par Jésus enlève toutes leurs richesses, riaient de ce piteux roi. Pieds nus, ensanglantés. Visage strié de rides de sang coulant des épines...

Les braves gens, craintifs, laissaient faire...

Jésus tomba une nouvelle fois, sous le coup d'un soldat pressé d'en finir...


Là  c'était trop... Des cascades de sanglots secs ininterrompus jaillirent du corps de Nanette, au bord de la syncope.

 

La soeur s'arrêta brusquement. Se leva. L'attira. Se rassit. La posa sur ses genoux...demanda doucement :

- Qu'est-ce que tu as Nanette ?


Un cri indomptable, surnaturel, fusa :

- Si j'avais été là on l'aurait pas tué ! Je l'aurai défendu !

 

 


 
 
posté le 26-07-2008 à 12:06:38

Elle rentra seule

La soeur sourit. Les gamines se moquèrent. Le récit fut interrompu. Les enfants reprirent leurs jeux.

 

Ds larmes décongestionnantes s'écoulèrent enfin. Laborieusement le flux émotif regagna son coffre interne. Fut cadenassé. Elle avait honte de n'avoir pu contenir son émotion.Elle avait mal de la trahison de Judas. Elle avait envi de dire à Jésus : "Moi , je te crois. Moi je t'aime. Moi, je suivrai tes préceptes. Les défendrai. Même si on en rit"."

 

La soeur l'amena aux robinets d'eau installés près de la petite guérite de vente des bonbons. Essuya son visage. La cloche tinta. Les mamans récupérèrent leur fille. Elle rentra seule.

 

 La vie suivit son cours...

 

- Nanette ! Demain matin nous irons au car chercher un colis de grand-père. Finis tes devoirs ce-soir.

 

Elle avait horreur de cette corvée !

D'abord la grosse ficelle fermant le gros carton blessait la fine peau de ses mains. Ensuite, elle avait honte du regard des passants étonnés. Voire réporobateurs.

Et...qu'il était lourd !

Parties tôt le matin, à pied, pour éviter les frais de bus, elles arrivaient au dépôt. Attendaient. Réceptionnaient le colis. Parfois, le grand-père avait ajouté une petite bonbonne de son vin pour le père...Ces fois-là c'était pire ! Elle avait l'impression que les citadins riaient dans leur dos de ces piteux bagages. Vieux et lourd carton ultra-ficelé et bonbonne paysanne.

Le trajet retour n'en finissait pas. Les haltes récupération se multipliaient. Soit à cause de la grimpette de la rue Sainte. Soit par l'accumulation de la fatigue due à presque 5 kilomètres de dédalle.

 

Au retour, colis posé, ouvert, patates mises à cuire dans une marmite...la mère levait le petit. Nanette, fatiguée, s'allongeait pour oublier...  

 


 
 
posté le 26-07-2008 à 13:32:29

Enfin l'évènement tant attendu !

- Maman ! Je fais ma communion privée dimanche. Je dois aller à la messe des grands. Porter un diadème blanc.

 

Elle referma, essoufflée, la porte du logis. Heureusement les soeurs avaient décidé qu'elle méritait, par son attitude générale, ses réponses aux questions, d'entrer dans la communauté des grands.

Elle allait communier. Pouvait assister à la grand messe et recevoir le corps du Christ comme fidèle à son message.

Une voisine leur prêta la couronne de communion de sa fille.

Sa mère fut incitée à l'accompagner à la messe. Ce beau jour et tous les dimanches.

 

Enfin l'évènement tant attendu !

Nanette prit encore plus de soin de sa toilette, sa coiffure; La mère fixa la couronne. Elles arrivèrent à la chapelle, où attendaient une poignée d'élues, couronnées de blanc, parmi les paroissiens coutumiers.

La soeur répéta les conseils.

L'assemblée pénétra dans le sanctuaire.

Le prêtre sortit de la sacristie. La messe commença.

Elle suivait, appliquée, le déroulement du rituel sur les livrets disposés sur les bancs. Répondait avec ferveur toutes les répliques concernant les fidèles.

Enfin, le célébrant expliqua à ses ouailles que de nouvelles âmes progressaient sur le chemin du Ciel. Invita les fillettes à s'approcher du choeur. Sous la conduite de la soeur elles s'avancèrent, tandis que les adultes suivaient en chantant.

 

Puis, elle n'entendit plus rien.

Se trouva seule, sur un nuage, dans un lieu sacré, devant une main qui présentait l'Hostie. La posait dans sa bouche ouverte...

 

Catastrophe ! Elle ferma les yeux. Virevolta. Rejoignit sa place...bouleversée...Ses dents avaient touché le corps sacré !  ILi aurait dû se dissoudre sur la langue, avant d'être avalé.  Elle pria désespérément pour être pardonnée de ce sacrilège ! Elle se confesserait au plus tôt. Cet incident gâcha la joie de ce-jour béni tant attendu....

 

Et, comme  le plus souvent.... papa n'était pas là.

 

(A suivre) 

 

 


 
 
posté le 26-07-2008 à 15:27:00

Enfin l'été !

Enfin l'été !

Nanette aidait sa mère,  grand nettoyage avant de rejoindre le village natal pour deux mois. Le petit jouait sur la couverture.

 

- Tu prendras le car seule demain. Je te rejoindrai dans une semaine. Cette année ton frère passera l'été chez les parents de papa. Nous irons le chercher ensemble fin août.


La fillette ne broncha pas. Elle avait pris l'habitude d'être seule. Le principal était de retrouver mémé. La nature.

 

Retrouvailles accomplies, elle organisa mentalement sa petite semaine de liberté. D'abord demain elle irait à la messe de 10 heures. Elle aimait chanter en latin, les chants grégoriens, lors de l'office.

Ensuite elle s'occuperait de mémé jusqu'à la sieste.

Puis elle irait, avec livre et panier, au cabanon.

Enfin, elle rentrerait raconter sa journée à l'aïeule.

Puis dodo.

 

Dans la rue quelques habitants louaient des chambres à des estivants.

L'an passé elle s'était fait une amie, de son âge, qui devait revenir. Après le diner elles se retrouveraient dans la rue calme. S'assiéraient sur le trottoir devant leur maison. Joueraient aux osselets, mikado, mistigri... ; ou rivaliseraient d'adresse dans les jeux à 2 ou 3 balles avec handicaps : une jambe, une main...

Parfois d'autres gamines les rejoindraient. Alors ce seraient marelles, Jacques-a-dit, rondes...

 

 

(A suivre)

 


 
 
posté le 26-07-2008 à 17:53:04

Allait-elle mourir ?

Une douleur violente la réveilla.

 

Elle se tordait. Retenait des cris. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Une lame acérée semblait labourer son ventre. Elle transpirait. Tremblait. Avait chaud. Puis froid. Se lova pour étouffer ce centre émetteur de maux. Se rendormit comme abrutie de coups....

 

Une moiteur odorante la réveilla. La figea.Atterrée. Oh non ! Elle n'avait pas "fait au lit" !  Comme les bébés ! Elle se leva, tenant son ventre douloureux. Alluma. Horreur ! Sa chemise de nuit était recouverte de sang ! Qu'allait dire sa mère ! Pourquoi perdait-elle son sang ? Allait-elle mourir ? Elle avait si mal !

Longtemps décontenancée...ne sachant que faire...elle décida de se laver. S'habiller ; après avoir rempli sa culotte de coton. Changer les draps. Laver les taches...

 

Enfin elle entendit les appels de l'aïeule.

 

- Bonjour mémé !

- C'est plutôt bonne nuit. Tu étais si fatiguée par le voyage ? Les premières chaleurs ? Personne n'a voulu te réveiller pour ce premier jour, mais, les autres, il faudra te lever à une heure plus raisonnable.

- Oui...tu as besoin de quelque chose ?

- Fais-moi une tisane. Et, tu devrais en prendre une aussi. Tu n'as pas bonne mine !

 

Elle sortit, blême. Elle avait trop mal ! Que devait-elle faire ? Allait-elle mourir ? Au bout de ses réflexions, elle résolu de se recoucher, lovée sur une nouvelle bouillotte bienfaisante.

 

(A suivre)

 


 
 
 

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