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AVANT ACCIDENT

posté le 04-08-2008 à 16:11:56

Tu n'ouvres pas ?

Eh bien ma grande ? Tu n'ouvres pas ?

-  Pourquoi tu prends pas un taxi. Tu es tout mouillé. Presque bleu. Tu vas tomber malade...


Elle regretta aussitôt sa stupide question. Elle savait le pourquoi de ses retours-longues-marches...

 

-  Et j'ai des tablettes de chocolat. Je les donne à maman. Elle vous les distribuera sur plusieurs jours. Que vous ne soyez pas malades.

-  J'en veux maintenant !

-  Au dessert alors. Une barre. Il faut que les tablettes fassent le mois.


C'est parfois utile d'avoir une mère gourmande.

Nanette regardait les tablettes de chocolat. Certaines étaient bizarres. C'était la première fois qu'elle voyait du chocolat blanc.

Elle supposa qu'il devait coûter moins cher. Le père ayant privilégié le plaisir de la quantité à celui de la qualité, pour le plaisir des gourmands.

 


 
 
posté le 04-08-2008 à 21:08:02

Elle aimait bien les avaries !

Les escales étaient régulières. Nombreuses. Brèves : un jour.

Sauf quand il y avait des avaries. Elle aimait bien les avaries ! Il restait une semaine entière. Parfois deux. Alors il s'agissait d'être bien en grâce pour l'accompagner les jours sans classe, ni scoutisme.

 

Ils partaient le matin. Tôt. Piétibus. Trolley. Sacrifiaient au rituel du contrôle douanier. Re-piétibus en faisant du slalom entre les piles de marchandises déchargées sur des kilomètres de quais de la zone portuaire.

 

Enfin la passerelle. Là, elle avait souvent de l'appréhension, devant la rigidité relative de la rampe d'accès. Surtout si le Mistral taquinait les planches, en les projetant-éloignant

de la coque.

 

Quel soulagement de poser les pieds sur le premier pont ! Ouf ! Elle avait une peur bleue chaque fois pendant les quelques minutes de la grimpette. Ne pas regarder en bas pour éviter le vertige ! Ne pas tomber...

 

Elle ne savait pas nager.

Elle avait bien obtenu, voilà deux ans, comme toutes  les élèves du CE2, son certificat du

 "90 mètres brasse"...Mais il avait fallu pour cela que le moniteur lui lance un gentil coup de pied aux fesses pour qu' elle plonge du bord du vallon des Aufes.

A ses yeux, elle ne savait pas nager.

Elle avait peur dès qu'elle savait qu'elle n'avait pas pied !

 

Elle aimait la mer. Etre au bord de la mer. Rêver au bord de la mer..

Mais pas dans...Elle paniquait.

 

Sa mère s'était pire.

Une peur incontrôlable la saisissait à l'approche de l'eau. Impossible de lui faire tremper les pieds le long d'une plage. Elle s'éloignait au maximum de la mer lorsqu'elle devait contourner le Vieux port. Elle se sentait "attirée" par la masse liquide.

 

Le père n'arrivait pas à éradiquer cette phobie.

Même en répétant qu'un corps flotte. Que son moniteur s'était fait attacher et jeter à la baille pour le prouver. Il suffisait de ne pas paniquer. Avec la frousse on avale de l'eau.

La terreur vient. On coule. Facile à dire...

 

Pourtant c'était en faisant  "la planche" pendant des heures qu'il avait pu être récupéré, lors de la dernière guerre, quand son contre-torpilleur avait coulé...

Des heures avant qu'un bâtiment américain  récupère tous les naufragés...tout en tirant des balles pour que les requins, attirés par le sang ....les épargnent...

 


 
 
posté le 05-08-2008 à 05:53:56

Ne fais pas de bruit

- Tiens ma grande. Installe-toi.Ce n'est pas grand, mais maintenant j'ai une cabine personnelle et un bureau. Je reviendrai vers midi. Nous irons manger au carré.Enferme-toi. Ne fais pas de bruit. Ne réponds à personne. On sait où me trouver s'il y a quelque chose.

-  Oui papa. T'as pas des livres ?

-  On cherchera dans la bibliothèque du bord à midi.


Il avait endossé sa combinaison de travail. Ses chaussures renforcées. Prit son carnet. Sa torche.

 

Elle ferma derrière lui. S'installa sur la couhette ; très haute. Observa la vie du port. Le va-et-vient des grues des cales des bateaux aux entrées des hangars. Les navettes des taxis débarquant quelques navigateurs et ramenant en ville ceux qui finissait leur besogne. Les manoeuvres d'amarrage d'un cargo Grec. L'éloignement d'un paquebot du quai neuf ?  Laissant un sillage d'ondes neigeuses.

 

Le père était fier  des compliments que les autres officiers lui faisaient sur sa fille.

 

A onze ans, elle en paraissait seize.

Certains la regardaient bizarrement...

En classse elle avait honte de ces centimètres en plus...

A bord, elle était contente de rentrer doucement, par sa taille, dans la sphère des grands. Dans cette zone où les adultes s'aperçoivent soudain de leur existence. Les interrogent sur leurs activités, pensées...

 

Sa journée terminée le père remettait sa tenu. La récupérait.

Ils faisaient le chemin inverse.

Elle avait occupé son temps à lire, dessiner ou méditer sur la vie portuaire.

 


 
 
posté le 05-08-2008 à 12:12:34

la gifler !

-  Zut ! Papa, les voisines sont sur le seuil de la porte...

-  Quelle importance. Fait comme s'il n'y avait personne.


-  Il est cocu le marin...Ya que des cocus dans la marine !

Les harpies criaient en riant. Haranguant les passants, qui continuaient leur trajet. Réprobateurs.

 

Nanette lâcha le bras de son père. Passa devant sur le petit trottoir. S'arrêta devant le bide énorme d'une matrone grimaçante.


- Pardon madame ; voulez-vous dégager le passage.

-  Il est cocu l'officier !


Le père posa doucement sa main sur l'épaule frêle de l'enfant.

Ils étaient là . Face à face. une masse de chair vociférante sur le seuil. Un père et sa fille sur l'étroit trottoir, sollicitant le dégagement.

 

Soudain : silence. Puis la mère s'effaçant lentement, sa fille cracha au visage de l'homme en giclant son venin  d'injures.

 

La salive émulsionnée coulait lentement du coin de l'oeil sur la joue.

La main de l'homme la racla posément. L'essuya sur la joue de la fautive, qui faillit s'en étrangler de stupeur ! La vieille fille acariâtre hurla au scandale. Un homme venait de la battre ! La gifler !

 

Les outragés montèrent au logis.

Le père déclara l'incident clos. La soirée se déroula comme à l'accoutumée.

 

Nanette eut beaucoup de mal à trouver le sommeil. Elle n'avait jamais reçu de gifle.

Une seule fois son père, qui avait dû donner une fessée au  petit, lui avait attribué la même punition " pour qu'il n'y ait pas de jaloux"...

Une seule fois. Et il avait eu des remords, plusieurs jours, en voyant sa main bleue sur la fesse de l'enfant. Il y avait longtemps...

Aujourd'hui, on lui avait craché au visage !

Quelle horreur ! Et ces injures ! Quelles folles ! Vivement qu'ils déménagent !

 


 
 
posté le 05-08-2008 à 14:34:57

Pour le principe

A l'escale suivante, il apprit que les mégères avaient porté plainte.

 

La mère prit le conseil du maire du village ; avocat dans la cité phocéenne. Avec son appui, l'appartement promis fut annoncé plus rapidement. Dans dix-huit mois.

 

Les parents décidèrent de passer la prochaine année scolaire au village natal. Les voisines devenaient insupportables.

 

L'avocat plaida honorablement l'affaire en s'appuyant sur des années de nuisances, envers un  couple avec deux jeunes enfants...par un trio de femmes seules, aigries, malveillantes.

 

Les harpies furent déboutées de leurs exigences. Le Tribunal octroya simplement 50 francs de dommages et intérêts ...."Pour le principe"...

 

L'avocat eut l'habileté de ne rien réclamer à ce couple qui vivait dans une telle masure citadine.

Il y gagna les voix de toute la famille  à toutes les élections où il se présenta. Mairie et députation.

De plus, chaque année, au moment des fêtes, le grand-père lui réservait sa meilleure chasse.

 

 


Commentaires

 

1. pat  le 06-04-2009 à 16:19:18

bonne soirée
@+

 
 
 
 

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