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AVANT ACCIDENT

posté le 24-07-2008 à 20:39:43

Tu me brûles !

- Encore une angine-bronchite ! Prends ta température... Tu as de la fièvre. Je vais te faire un cataplasme.

- Oh non ! Pas la moutarde !

- Il faut être raisonnable.

- Tu le mettras pas trop chaud ?


La mère prépara la bouillie kaki-kaka. L'étala sur une serviette de coton blanc propre qu'elle enveloppa d'une autre serviette. Tata rapidement sur sa joue.


- Allez. C'est prêt.

- Sûr ?  C'est pas trop chaud ?

- Je l'ai posé sur ma joue.


Méfiante, car déjà échaudée, la fillette s'allongea. Releva lentement son pull. Son tricot de peau.

 

- Aïe ! Tu me brûles !


Le bond de la fillette renversa tout. La mère, colère, du ramasser le pâton. Prendre de nouvelles serviettes. Repositionner la préparation.

 

- Demain, si tu ne vas pas mieux, je mettrai des ventouses.

 

De mal en pis !

La malade s'endormit fourbue d'émotion. Vaincu par la fièvre.

 

(A suivre)

 


 
 
posté le 24-07-2008 à 22:25:18

FAIS A. A. A. !

Finalement le docteur fut appelé. Décida qu'il fallait enlever "amygdales et végétations". Il indiqua à la mère l'adresse d'un dispensaire où l'opération serait réalisée gratuitement. Ce n'était qu'une formalité qui prendrait moins de cinq minutes. Ensuite elle serait transquille. Le rendez-vous fut pris pour un jeudi après-midi.

 

Elles arrivèrent à 13heures devant la porte close jusqu'à 14 heures. Trois quarts d'heure plus tard d'autres malades se présentèrent. A l'ouverture une file attendait. Elle déambulèrent une heure ou deux dans le couloir sombre et encomlbré. Enfin un hommme en blouse blanche les accosta.

 

- C'est pour les amygdales ?

- Oui. répondit la mère.

- C'est l'enfant ?

- Oui.

- Qu'elle est mignonne. Fais voir si tu sais ouvrir la bouche. Fais A. A. A....

 

Elle le regardait étonné. C'était ça un grand docteur. Celui qui allait lui épargner cataplasmes, ventouses, badigeons... Elle obéit incrédule.

Vif comme l'éclair il sortit un outil métallique de sa poche. Le plongea dans sa gorge. Coupa. Elle s'évanouit vomissant une fontaine de sang.

 

Quand elle reprit connaissance, sur un petit lit de camp gisant dans un coin, sa mère affolée lui disait que ce n'était pas grave. Elle aurait mal à la gorge quelques jours. Ne pourrait ni parler, ni manger...A peine boire...Mais "c'était pour son bien"...

Nanette referma les yeux. Boucha mentalement ses oreilles. Les adultes pouvaient, pourraient ...dire ce qu'ils voudraient...Elle.Elle. Elle se méfierait. Docteurs ? Menteurs !

Cette opération avait traumatisé l'enfant. Certes la cicatrisation était douloureuse, mais il s'agissait surtout de sa confiance envers les grands.

On ne lui avait rien dit. Rien expliqué. On avait utilisé une ruse pour opérer cette extraction, debout dans un couloir. Sans se soucier de sa douleur.

 

 


 
 
posté le 25-07-2008 à 05:12:05

Pourquoi vivait-on ?

Pourquoi vivait-on ?

 

Sa mémé était loin. Paralysée.

Son papa n'apparaissait que de temps en temps.

A l'école elle n'avait pas d'amie, étant trop mal habillée.

Sa mère s'occupait à calmer son petit frère , afin qu'il ne fasse pas de bruit. Sinon ...gare aux voisines ! Ces voisines qui montaient le soir pour ricaner derrière leur porte ou jeter des bassines d'eau sale dans l'appartement. Eau de leur vaisselle ou de leur lessive qu'il fallait essuyer...

Cette évocation mentale tira tout de même un sourire à l'esseulée...

La dernière fois que les harpies s'étaient autorisées ces malveillances, en présence du père, il avait répliqué.

 

-  Ah ! Vous aimez jouer avec l'eau ! Eh bien grognasses, régalez-vous ! Sachez que l'eau descend la pente !


Il avait refoulé d'un coup de balai rageur toute leur bassinée savonneuse. Rajouté plusieurs marmites d'eau du robinet. Inondées de quelques centimètres les trois pouffiasses avaient hurlé au scandale. Ecopé. Versé des seaux de liquide dans le caniveau. Essayé d'ameuter les rares passants. Des habitants des maisonnettes adjacentes qui méprisaient ces harengères.

 

Lors de l'escale suivante, père et mère prirent la décision de l'inscrire au patronage.

 

Elle prit donc l'habitude, surveillée de la fenêtre par sa mère, d'aller tous les jeudis et samedis après-midi, dans la cour de l'ancienne savonnerie récupérée par une église adjacente. Là, elle retrouvait des filles de toutes les écoles du quartier. Elles jouaient. Ecoutaient les histoires d'une catéchèse. Suprême bonheur, si elles avaient été sages, la gardienne prévenait un prêtre qui leur faisait une séance de cinéma.

 

(A suivre)

 


 
 
posté le 25-07-2008 à 08:12:49

PEUCHERE !

Les provisions données par les grands-parents maternels étaient consommées. Le sac de pommes-de-terre replié fut rangé dans le carton auparavant rempli de bocaux d'haricots verts, sauces tomates...

 

- Nanette ! Ecris un petit mot  à la lettre que je viens de faire pour qu'on nous envoie des légumes par le car. Nous la posterons demain matin. Tu m'accompagneras. J'ai besoin de toi pour m'aider à porter les sacs.


A 4 heures du matin, la mère la réveilla. Elle voulait arriver la première chez le grossiste commerçant des 4 saisons du boulevard de la Corderie. Quand il déballait. Là, "elle avait le choix".... Ces matins-là elles arrivaient à la nuit noire, rues faiblement éclairées par des lampadaires espacés...En même temps que le camion du primeur.

 

- C'est pas trop tôt pour la petite ? Peuchère !

 

La mère faisait mine de ne pas entendre. S'affairait déjà autour des cagettes débarquées. Elle avait laissé le bambin, ceinturé, endormi, dans son petit lit à hauts barreaux...Sa petite l'accompagnait pour porter les sacs les moins lourds.

 

Nanette n'aimait pas les rues sombres et froides qu'il fallait emprunter. Parfois elles heurtaient, involontairement, un corps assoupi qui hurlait des injures.

Il en était de même lorsque c'était seule qu'elle devait affronter les frimas matinaux, en allant chercher tous les matins deux louches de lait et la baguette de pain. Elle y allait

en courant. Revenait d'un pas rapide. A la limite de renverser le pot-au-lait en aluminium. Ni passant. Ni auto. Parfois un camion de livraison, l'aboiement d'un chien errant...la faisaient tressaillir.  Pourquoi les autres petites filles n'allaient-elles pas chercher le lait ou le pain chaque matin pour leur mère ?

 

(A suivre)

 


 
 
posté le 25-07-2008 à 10:19:29

Qu' ELLE était belle !

La clochette tinta allègrement dans la cour du patronage. Appelait les chahuteuses à se regrouper devant le mur de rocher. Là trônait une Vierge Marie Immaculée, longue ceinture bleu au vent...

Nanette arrivait toujours la première pour contempler son doux sourire.

 Qu ' Elle  était belle ! Qu'on aurait aimé qu'Elle vous prenne dans ses bras. Vous embrasse...

Mimétisme inconscient, elle penchait la tête. Joignait les mains.

 Lui parlait sans mot...de coeur à coeur...

 

- Faudra la prendre en photo cette petite. Elle est touchante.

- Je demanderai au Père si on peut l'instruire pour les communions privées.


Les deux soeurs eurent beaucoup de mal à obtenir le silence. Une prière du soir sérieuse.

 

- Allez ! Attendez votre maman dans l'entrée. N'oubliez pas de venir , samedi, avec les sous. Il y aura cinéma.

 


 
 
 

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