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AVANT ACCIDENT

posté le 26-07-2008 à 21:41:54

Ah non ! Pas tous les mois !

La mère posa son bagage. Inspecta du regard le séjour. Ne trouva rien à redire.

- Tiens. Grand-mère Aimé m'a donné cette tablette de chocolat pour toi. Ne mange pas tout aujourd'hui. Que ce voyage est fatiguant ! Je vais m'allonger quelques minutes.


-  Maman...

-  Tout à l'heure !

-  Maman...Je vais peut-être mourir bientôt...

-  Dis pas de bêtise.

-  J'ai saigné plusieurs jours. J'ai eu très mal !

-  Déjà !

La mère, surprise, la regarda.

-  Et qu'as-tu fait ?


La fillette lui raconta les quatre premiers jours de ses vacances. Les taches. Les lavages. L'utilisation de tout le grand paquet de coton. Les heures au lit couchée sur une bouillotte.

 

-  Tu t'es bien débrouillée. Ne t'inquiètes  pas. Moi aussi ça m'arrive. Ca arrive à toutes les femmes. Tous les mois.

-  Ah non ! Pas tous les mois !

La mère remonta en riant se reposer du voyage.

 

Il faisait très chaud en ce début de journée.

-  Alors Nanette ! Déjà debout ! Tu vas chercher le pain et le journal ?

-  Oui,  madame Janet.

-  Tu ne  prendrais pas mon journal ? "Le Provençal". Je suis impotente. 

-  Volontiers.

-  Tiens. Voilà les sous. Ne les perds pas !

-  A tout à l'heure.

 

Paralysée par d'énormes oedèmes aux jambes, Mme Janet vivait derrière sa fenêtre. Voyait tout. Tous. Parfois elle posait trop de questions. Notamment sur la famille. Sa mère lui avait demandé de ne pas répondre aux questions. Mais, elle pouvait faire les commissions.

 

-  Toc ! toc !

-  Oh !  Tu as fait vite !

-  C'est que je dois aller au cabanon, chercher la salade. Voilà votre journal.

-  Merci ! Tu es bien gentille. Tiens la pièce...

-  Ah non ! C'était pour rendre service. Uniquement. Bonne journée !

 

Elle poursuivit son chemin en souriant. C'était agréable de rendre service. La veuve referma la fenêtre. S'installa derrière les vitres pour lire les nouvelles. Se divertir du spectacle de la rue passante.

 


 
 
posté le 27-07-2008 à 08:04:59

Cet été là...

-  Maman. Tu as vu le peintre dans la rue ?

-  C'est un parisien. Il trouve la rue très pittoresque. Il a déjà fait plusieurs aquarelles...

-  Je peux aller le voir ?

-  Déjeune et vas me chercher les légumes au jardin avant.


En revenant du cabanon Nanette se demandait ce qu'avait grand-père et mère à gesticuler ainsi. Visages rouges.

 

-  Tu ne peux pas faire ça ! Pense à tes petits enfants ! Le cabanon est un bien dans la famille depuis des générations. Tu l'as reçu. Tu dois le transmettre à tes petits enfants !

-  Pourtant ca m'arrangerait. Il en donne un bon prix.

-  Qu'est-ce qu'il y a ? Vous vous disputez ?

-  Rentre faire tremper la salade. Prépare la vinaigrette. Ca ne regarde pas les petites filles.


Nanette regarda son grand-père. Sa mère. Visiblement ils n'étient pas du même avis. Attendaient qu'elle parte. Elle gravit les quelques escaliers du perron. Entra. Obéit aux ordres. Quelques minutes plus tard les adultes la rejoignirent.

 

-  Pépé mange avec nous à midi. Ajoute un couvert.

-  La salade est prête.

-  Tu préfères les oeufs au plat ou en omelette, papa ?

-  Ca n'a pas d'importance. J'ai oublié de te dire. L'antiquaire d'Aix est revenu pour acheter la commode des Sube.

-  Ah non ! Tu ne vas pas la vendre. C'est un meuble dans la famille depuis plus de cinq générations. Tu n'as qu'une petite-fille. Tu dois lui transmettre !

-  Nanette...Je te le dis devant ta maman. Tu es ma seule petite-fille. Je ne t'ai jamais fait de cadeau. Je n'ai pas d'argent. Je vivote avec mes productions. Mais...la commode est à toi. Je te la donne.

-  Dis merci à grand-père.

-  Merci grand-père.

(A suivre)

 


 
 
posté le 27-07-2008 à 12:33:48

Oh oui pépé !

- Et tu ne vendras pas le cabanon ?


- Tu veux vendre le cabanon pépé ?!


- C'est pas que je veux le vendre. C'est que le Parisien. Le peintre, veut l'acheter. Il trouve le coin très joli. Notre ciel très pur. Les couleurs éclatantes. Il voudrait s'installer ici. L'autre jour on s'est rencontrés quand il descendait de la Chapelle d'en face. Il m'a proposé un bon prix...Je n'ai pas d'argent, pas de T.S.F.. Pas de sanitaires...


- Tu peux pas faire ça papa ! C'est un bien de famille. Vends plutôt la campagne dans la Drôme. C'est loin. Il n'y a que de la terre, la ferme ayant brûlé il y a plus de cinquante ans. Ca ne profite qu'aux voisins qui y font paître leurs bêtes. Elle ne rapporte rien...


- Tu aimes le cabanon Nanette ?

- Oh oui pépé !


- Je ne le vendrai pas. Mais vous non plus. Faudra jamais le vendre. Ca vient de la famille depuis...toujours...Ca doit rester dans la famille. Pour qu'elle ait une terre ancestrale....C'est qu'on y a travaillé sur cette terre aride !

- Promis papa !


Sans le savoir. Sans le comprendre. Nanette venait d'assister à un legs trans-générationnel....; et à une promesse de sa mère concernant la terre familiale. Terre sacrée. A conserver contre vents et marées....car terre d'asile.

(A suivre)

 


 
 
posté le 27-07-2008 à 14:56:55

Pause dominicale...

A Arles...

Merci Van Gogh !... pour tes couleurs chatoyantes... 

Pardonne leur de t'avoir ignoré...jusqu'à t'en rendre fou...

Et de maintenant faire des fortunes avec tes toiles..... 

Bon dimanche à mes lecteurs !

 arles

 


Commentaires

 

1. Lakma  le 11-09-2008 à 11:25:31

magnifique ce Van Gogh

 
 
 
posté le 27-07-2008 à 16:19:35

"à la belle étoile"

L'été provençal jouait sa partition. Matins féériques. Journées caniculaires. Orages de fin d'après-midi.

 

Nanette était souvent impressionnée par ces variations brutales. Elle redoutait, admirative, les lourds nuages chargeant soudain le ciel de conton gris-noir, sur une toile céleste virée du bleu azur au foncé argent du plomb. Puis des éclairs colériques zébraient le ciel. Des grondements ininterrompus tonnaient. Minutes d'accords avant qu'un pluie torrentielle s'abatte  sur un paysage devenu de paradisiaque à apocalyptique.

 

Derrière les carreaux de la porte vitrée du séjour, elle regardait, fascinée, le spectacle d'un ciel déchainé frappant la terre de ses foudres. Semblant pourchasser, punir quelques méchants. Puis, aussi soudainement, la colère s'évanouissait. Le ciel retrouvait ses hauteurs. L'azur, zébré de quelques nuées trainantes, resouriait d'un éclatant soleil qui séchait rapidement le sol. Les anges purificateurs offraient aux braves gens l'éblouissement d'un arc-en-ciel.

 

Nouvel accord entre le ciel et la terre.

 

Les estivants ressortaient de leur location. Commentaient les rigueurs de la trombe. Les hommes évaluaient les dégâts, sur la rue, de la descente des chemins de terre alentour. Une dizaine de  centimètres de boue...Les femmes et les enfants admiraient le nouveau ciel et son arcade colorée.

 

Même ces jours-là il était possible de passer la soirée "à la belle étoile". Tout l'environnement était à nouveau sec. Le muret de pierre accueillant pour pipelettes et pipelets qui taillaient d'interminables bavettes...

 

Au douze coups de minuit, au clocher de la cathédrale, les enfants, qui jouaient quelques mètres plus loin, sous le réverbère, étaient récupérés par un parent. Fallait se coucher.

La plupart des  vieux du cru poursuivaient leurs conciliabules...

(A suivre)

 

 


 
 
 

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