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AVANT ACCIDENT

posté le 31-07-2008 à 14:07:58

Toi, tu peux m'aider.

Le camp d'été partit sans Nanette.

D'abord déçue, elle oublia en retrouvant mémé. Le Cabanon. Les copines de la rue ou les estivantes. Les fillettes ne jouaient plus "à la maman et au papa", "au docteur"... ni à la marelle...Elles passaient leur temps à se raconter leur année. Les premlières découvertes. Leurs premières questions...Parfois, une partie de Mistigri, Mikado, Rami... Plus fières, si, des joueurs de boules manquant,  les adultes les accueilllaient au sein d'une équipe ; pour leurs parties de pétanque de 18 heures. Les non-retenues tenaient les comptes.

 

Les garçons s'acharnaient aux billes, jusqu'à de violentes disputes : "Je jouerais plus avec toi ! Tricheur!" . Un jamais qui s'arrêtait au lendemain.

 

La mémé dormait plus longuement l'après-midi. Le frère était parti chez la grand-mère "d'en-haut". La mère n'avait pas voulu que sa fille honore aussi l'invitation. Elle ne voulait pas s'en séparer. "Non ! C'est lui qui monte. Seulement lui. J'ai besoin de toi ici. Lui est turbulent. Obéît difficilement. Ca me reposera. Toi, tu peux m'aider."


Aider voulait dire commencer les vacances d'été par un grand nettoyage général de la maison de village. Les grands-parents, qui s'occupaient de l'aïeule pendant dix mois, n'avaient pas le temps de faire une autre pièce que la chambre bleue.

Le décapage annuel "écoeurait" la mère. La fillette, manipulée "au sentiment" et "au sens du devoirr", l'accomplissait dorénavant,  à chaque séjour. Ensuite : courses, vaissselles, aide-cuisinière...

Pendant des décennies cela sera sa  routine. Pas de séjour dans le Berry.

Des vacances "garde-maman".

 


 
 
posté le 31-07-2008 à 16:55:58

EN JUILLET...

En juillet, villageois et estivants partaient en car,  de  rares privilégiés en auto, pour accéder à une vieille petite chapelle nichée au coeur de la forêt dommaniale.

 

La grand-messe était dite en plein air, sous la protection de la Sainte Mère. Le sanctuaire n'était ouvert qu'une fois l'an.

 

Ensuite, tous les participants se dispersaient, en famille ou en groupe plus étoffé, à l'ombre des pins, des chênes. Repus, les vacanciers occupaient leur après-midi.

La plupart des hommes piquaient un roupillon.

Les aînées papotaient en tricotant.

Les femmes courageuses partaient à la recherche de fraises et framboises des bois ; tandis que les enfants, sous leur surveillance, jouaient à cache-cache, aux-gendarmes- et-aux- voleurs.

 

Cette excursion annuelle avait toujours du succès auprès du syndicat d'initiatives.

 

La chapelle était jolie. Le site offrait une fraîche beauté.

Mais c'était pour beaucoup l'espoir de ramener profusion de baies sauvages qui les avait déplacé.

Les bonnes années la patience était récompensée par de savoureux pots de gelée ou de confitures pour l'hiver.

Les autres fois la possibilité d'une tarte précieusement parfumée consolait les malchanceux.

Quoiqu'il en soit, ceux qui avaient repéré des "coins" les gardaient jalousement secrets. Rusaient pour en détourner les novices. Les gens du pays s'y rendaient avant la sortie populaire. 

 


 
 
posté le 31-07-2008 à 20:49:18

Le jour de l'Assomption

En août, le jour de l'Assomption, les mêmes participants, ou presque, partaient en procession de la Cathédrale. Montaient, en chantant le long des rues étroites. Tortueuses.

 

Tous les cantiques s'égrenaient pendant l'ascension de la colline menant à l'Oratoire.

Puis une messe solennelle était dite devant la grotte (réplique de celle de Lourdes).

 

Sur la terrasse, au-dessus, un orgue-clavecin carillonnait l'accompagnement des psaumes :

 


Chez nous soyez Reine

Nous sommes à vous

Régnez en souveraine

Chez nous, chez nous

Soyez la Madone

Qu'on prie  à genoux

Qui sourit, et pardonne

Chez nous, chez nous...

Et d'autres aussi mélodieux. Tout le monde chantait avec force et foi. Pafois un peu faux.

Cela n'avait pas d'importance.

 

Le carillon faisait le bonheur de quelques mélomanes, français ou étrangers, qui jouaient, lors de leurs vacances,  aux aurores,  des musiques angéliques, dispersées dans l'air pur du matin... au grand ravissement de la population.

 

 

 


Commentaires

 

1. Lakma  le 11-09-2008 à 11:28:22

je relis ce cantique avec émotion

 
 
 
posté le 31-07-2008 à 22:31:38

Arrête de faire ça !

La Provence était une région construite, organisée, en fonction de la magnificence solaire. Les périodes de mauvais temps, de pluie, ses bâtiments pâtissaient de l'imprévoyance des bâtisseurs. Sa vie économique s'éteignait. Son âme souffrait de réclusion.

-  Arrête de faire ça !

-  Faire quoi ?

-  Des accroche-coeur avec tes cheveux.


Perdue dans ses pensées. Accoudée à la balustrade du balcon. Machinalement Nanette enroulait quelques petits cheveux, mouillés lors d'une brève escapade chez ses grands-parents, autour de son index. Elle regarda sa mère. Etonnée. Haussa les épaules.  Continua, sans plus y  penser,  ce passe-temps innocent et machinal.

 

-  Arrête de faire ça ! Ca fait mauvais genre !

 

Alors, furieuses, l'adulte monta de la porte de la remise où elle discutait avec le père. Enrtra dans la maison. Prit une paire de ciseaux. Coupa. Coupa. Coupa...

 

D'abord stupéfaite. Figée. Muette. Nanette hurla et couru dans sa chambre. Ferma les volets. Se coucha.

Quelques instants plus tard, le père entra. Alluma. S'approcha.


-  Mais qu'est-ce qu'elle a fait !

Furieux à son tour, il descendit l'escalier en criant :

-  Mais tu es folle ! Ma pauvre femme ! Folle !

 

 


 
 
posté le 01-08-2008 à 05:45:11

La mère avait fait un carnage

Vainement l'aïeule appela pour information.

La mère avait fait un carnage !

 

Le coiffeur, honoré pour la première fois de sa clientèle, ne savait comment réparer l'outrage. Finalement, elle passa l'été avec un foulard  cachant une coupe "à la brosse"...ou peu s'en fallait.

 

Tout la fin de l'été elle resta solitaire.

Evita autant que faire ce pouvait la coupable.

 

Une fois ses corvées terminées, elle retournait au cabanon avec un livre ou un tricot. Après une fin d'après-midi avec mémé, dès le repas terminé, elle regagnait sa chambre. Ces soirées au lit furent l'occasion de s'inventer des tas d'autres vies compensatrices.

 

A la rentrée les cheveux étaient encore très courts.

Ses copines s'étonnaient du casque très fin qui recouvrait son crâne. Atteignait à peine les oreilles. Recouvrait tout juste les racines du cou. Elles furent vite lassées des questions laissées sans réponse.

 


 
 
 

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