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AVANT ACCIDENT

posté le 30-07-2008 à 21:12:27

Pouah ! Quelle odeur !

Tu l'as vu travailler ?

 

-  Pouah ! Quelle odeur ! Mémé, tu peux pas savoir comme ça pue, de la corne de sabot brûlée !  Ca pue tellement qu'il ferra aux aurores, afin d'avoir fini au début de la journée ; quand la patronne ouvre la boutique.

 

-  Il y a beaucoup de monde ?

 

-   Je sais pas. Les voiisins. Les fermiers des environs. Le passage... Grand-mère fait : car-poste-téléphone public-bistrot-alimentation-dépôt de pain...Il y a des heures sans personne....Puis, soudain, c'est plein !

 

-  Alors les pipelettes ! Faudrait songer à diner. Puis se coucher... Gardez-en un peu pour demain...On est fatigué. On aimerait se coucher rapidement.

 

Papa a travaillé tous les jours pour sa  maman. Il lui a repeint et retapissé toutes les chambres. La prochaine fois, il refera la boutique et la cuisine...

Ou, il essaiera de "mettre  l'eau à la  pile". Mémé, en haut, il faut aller chercher l'eau, avec un seau, dans un puits. Et, si tu la gaspilles...tu vas au lit sans manger...A n'importe quelle heure de la journée !


- Allez, Nanette, maman attend. C'est prêt. Depêche-toi, qu'on aille vite se coucher. Je vous améne votre plateau touit de suite.


- Merci, Joseph. Prenez votre temps. Je n'ai pas très faim ce-soir. Je suis trop contente que toiut se soit bien passé. Que voius soyez tous de retoiur.

 


 
 
posté le 30-07-2008 à 23:19:08

Guides de France

Les "doryphores"...les estivants...avaient tous regagnés leur ville ; rendant la campagne aux paysans.

Le père avait repris ses navettes méditerranéennes.

La mère s'adonnait aux interminables recherches pour une rentrée à minima.

Le petit frère entra en maternelle, dans un  joli petit tablier en vichy rose.

La nouvelle maîtresse de Nanette n'avait pas l'aura  de l'aimable instit du cours précédent.

Repartie pour un tour.

 

Avec  dégâts du gel et  défaut de moyens pour l'entretien, le patronnage dû fermer. La soeur suggéra d'aller s'inscrire aux "Guides de France". Bien sûr Nanette était encore trop jeune. Mais, elle était si raisonnable. Si grande pour son âge. Elle recommanda donc la fillette à la cheftaine de  la section.

 

La cheftaine, trentenaire, bonne demoiselle, vivait chez ses parents. Les reçus. Accepta de la prendre un trimestre à l'essai. Au bout de la période, s'il n'y avait pas  de problème, la postulante serait inscrite définitivement.

La liste des affaires à acheter remise, trois mois plus tard, fière de son bel uniforme marine, avec foulard et rubans, la scoute intégra l'équipe des Lions. La devise lui convenait : "Lions, plus fort que les forts"...en loyaué.

 

Maintenant la Lionne se sentait devenue une grande. Mériter le vocable sous lequel, souvent, son père l'appelait.

Elle appréciait de se trouver avec des collégiennes de 13/15 ans...elle qui n'en avait pas dix. Tous les jeudis, elles arrangeaient leur local. Quatre pans de murs : quatre équipes. Chacune peignant son coin aux couleurs des rubans de l'uniforme.

Celles des  Lions correspondaient au drapeau provençal : jaune et orangé.  

 

 


 
 
posté le 31-07-2008 à 06:11:58

Deux fois par mois...

Deux fois par mois, l'aventure.

Elles se retrouvaient, tôt, devant le local avant de rejoindre, piétibus, la gare des trolleys, ou un tramway desservant les banlieues sauvages. Parfois l'équipe de Aigles "Aigles, toujours plus haut !", venait avec elles. Les deux chefs d'équipe ayant prévu des jeux de pistes ou des compétitions pour préparer l'obtention des badges : cuisine, secourisme, noeuds etc...

 

Ces dimanches-là, Nanette sortait fièrement avec son uniforme impeccable. Droite, sac tyrolien sur le dos...Lorgnée, derrière leurs rideaux, par les harpies du rez-de-chaussée. Première trotte pour retrouver les initiées. Trajet en véhicule public. Seconde marche pour dénicher un coin libre. Propre. Plat. Pouvant accueillir leur pique-nique.

L'après-midi, les occupations prévues effectuées, elles cherchaient généralement des feuilles pour l'herbier de la patrouille.

 

Elles étaient de caractères très différents. Avaient jusqu'à 7 ans d'écart. Toutes de milieux ou origines divers. Cependant, aucun problème notable. Toutes s'entendaient pour l'harmonie du groupe. Toutes vivaient dans le même quatier, voire le même immeuble. Si le casse-croûte de certaines était plus copieux...de bon coeur elles partageaient avec les moins nantis. Les privations et les horreurs de la guerre récente avaient suscité une éduction et un modèle de vie fait de partage et de simplicité.

 


 
 
posté le 31-07-2008 à 08:28:18

On verra. On verra...

-  Maman, ll y aura un camp pour Pâques. Je pourrais y aller ?

-  Nous irons chez mémé. Ca coûte rien.

-  Mais les autres...

-  Tu iras une autre fois. Il y en aura d'autres...

-   J'irai à celui de cet été ?

-   On verra. On verra...


Nanette oublia sa déconvenue grâce aux rituels familiaux de Pâques. Les fleurs sauvages. Les palabres avec l'aïeule.

 

Premières chaleurs. Premiers énervements. Eau inbuvable. Déjà le père avait installé un filtre pour atténuer le goût de javel. Restait la température. Il imagina donc de fabriquer une glacière, en s'inspirant de la chambre froide de la grand-mère "d'en haut".

 

-  Maman, je le vois. Il arrive. Jeannot-de-la-glace arrive !

-  N'te penche pas tant ! Un jour tu tomberas.

-  Je descends. Donne moi les sous.

 

 


 
 
posté le 31-07-2008 à 11:19:55

"Jeannot de la glace"

Chaque jeudi et chaque dimanche, un camion transportant des barres de glace parcourait les quartiers.

Elle descendait avec un seau.

L'artisan-chauffeur coupait un morceau plus ou moins grand. A la demande.

Nanette remontait avec le précieux cube, d'un  transparent bleuté.

 

-  Attention ! C'est lourd !

-  Merci !  Jeannot de la glace !

 

Il souriait. Poursuivait sa tournée.

Elle mettait quelques minutes pour remonter son précieux chargement.

En haut, la mère entourait la glace dans  un morceau de vieille couverture. Enfermait la papillotte dans le bac en alu qui lui était réservé. 48 heures de boisson fraîche.

 

Pour fêter ce confort nouveau, la mère prit l'habitude, tous les dimanches, de l'envoyer chercher deux bouteilles de limonade, au bar voisin. Les vides étaient échangées contre les pleines. Leur petit plaisir dominical.

 

Elles ne pouvaient pas sortir. Le frère était trop grand pour rester seul. Trop lourd pour être porter. Trop petit pour marcher.

 

 


 
 
 

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