En juillet, villageois et estivants partaient en car, de rares privilégiés en auto, pour accéder à une vieille petite chapelle nichée au coeur de la forêt dommaniale.
La grand-messe était dite en plein air, sous la protection de la Sainte Mère. Le sanctuaire n'était ouvert qu'une fois l'an.
Ensuite, tous les participants se dispersaient, en famille ou en groupe plus étoffé, à l'ombre des pins, des chênes. Repus, les vacanciers occupaient leur après-midi.
La plupart des hommes piquaient un roupillon.
Les aînées papotaient en tricotant.
Les femmes courageuses partaient à la recherche de fraises et framboises des bois ; tandis que les enfants, sous leur surveillance, jouaient à cache-cache, aux-gendarmes- et-aux- voleurs.
Cette excursion annuelle avait toujours du succès auprès du syndicat d'initiatives.
La chapelle était jolie. Le site offrait une fraîche beauté.
Mais c'était pour beaucoup l'espoir de ramener profusion de baies sauvages qui les avait déplacé.
Les bonnes années la patience était récompensée par de savoureux pots de gelée ou de confitures pour l'hiver.
Les autres fois la possibilité d'une tarte précieusement parfumée consolait les malchanceux.
Quoiqu'il en soit, ceux qui avaient repéré des "coins" les gardaient jalousement secrets. Rusaient pour en détourner les novices. Les gens du pays s'y rendaient avant la sortie populaire.