- Tiens ma grande. Installe-toi.Ce n'est pas grand, mais maintenant j'ai une cabine personnelle et un bureau. Je reviendrai vers midi. Nous irons manger au carré.Enferme-toi. Ne fais pas de bruit. Ne réponds à personne. On sait où me trouver s'il y a quelque chose.
- Oui papa. T'as pas des livres ?
- On cherchera dans la bibliothèque du bord à midi.
Il avait endossé sa combinaison de travail. Ses chaussures renforcées. Prit son carnet. Sa torche.
Elle ferma derrière lui. S'installa sur la couhette ; très haute. Observa la vie du port. Le va-et-vient des grues des cales des bateaux aux entrées des hangars. Les navettes des taxis débarquant quelques navigateurs et ramenant en ville ceux qui finissait leur besogne. Les manoeuvres d'amarrage d'un cargo Grec. L'éloignement d'un paquebot du quai neuf ? Laissant un sillage d'ondes neigeuses.
Le père était fier des compliments que les autres officiers lui faisaient sur sa fille.
A onze ans, elle en paraissait seize.
Certains la regardaient bizarrement...
En classse elle avait honte de ces centimètres en plus...
A bord, elle était contente de rentrer doucement, par sa taille, dans la sphère des grands. Dans cette zone où les adultes s'aperçoivent soudain de leur existence. Les interrogent sur leurs activités, pensées...
Sa journée terminée le père remettait sa tenu. La récupérait.
Ils faisaient le chemin inverse.
Elle avait occupé son temps à lire, dessiner ou méditer sur la vie portuaire.