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AVANT ACCIDENT

posté le 27-09-2008 à 11:26:26

Cris de la mère

Enfant couché, les adultes s'installèrent devant le journal télévisé, où, selon son habitude, la mère s'endormit...

Météo terminée, les éveillés discutèrent à bâtons rompus...Rappels de voyages, souvenirs d'enfance, anecdotes d'anciens combattant, interrogations sociales...l'évocation de la mort leur vint aux lèvres...

 

- Papa, c'est bizarre, mais vois-tu depuis toute petite je sais qu'il  a quelque chose après...D'ailleurs, c'est curieux, mais les observations, connaissances théoriques n'ont fait ensuite que préciser...

Je crois profondément à l'inné : une vraie connaissance qui se passe de mots, d'enseignement et qui nous habite dès la naissance...

Parfois les découvertes scientifiques arrivent à l'expliquer...

Mémé, qui est morte voilà trente ans, je la sens vivante.

Faisons-nous une promesse : le premier qui franchit le pont fait un signe à l'autre pour confirmer...


- Moi aussi, je suis sûr que les êtres avec lesquels on a des sentiments d'amour profonds et réciproques.. rien ne s'éteint...la relation se poursusit, ils nous protègent d'en haut...il se fait tard ma grande. On doit se lever tôt demain.


- Bonne nuit.

- Dors bien. Je vais aller chercher ta maman

***


BANG ! KRR ! GRR ! ZRR  !!!


- Papa !


Voix anachronique de petite fille.

Bras automatiquement jetés autour du cou du conducteur.

Cris de la mère.

Pleurs du garçonnet réveillé par le choc...

Porte arrière ouverte. Trou dans la porte enfoncée du chauffeur. Eclats de verre dans un liquide aqueux...

 

Frais matin auvergnat...

Mains rivées sur les bras d'une tunique rose ensanglantée. Proposition de secours d'une voisine accourue en peignoir...Hochement d'une tête douloureuse, piquetée de verre..

Tour de voiture.

Enfant déposé doucement sur le trottoir...

Mère qui se plaint...

 

 

                                                

 


 
 
posté le 27-09-2008 à 13:41:54

Ma moto !

- Qu'est-ce que vous faites là ?


D'une voix d'outre-tombe, l'accidentée regardait un jeune motard, ébahi, sans égratignure, allongé près de son bolide muet.

 

- Ma moto ! Ma moto !


- Vous n'avez rien ? Comment êtres-vous arrivé de ce côté ?

- Ma moto ! ...Je suis passé par dessus. Je n'ai pa pu éviter votre auto...


- Les secours arrivent.

Combien d'accidents faudra-t-il pour qu'ils mettent un feu ! Ce carrefour est dangereux, en pleine ville.

D'un côté la route qui arrive de droite, en côte, en virage...avec un cédez- le-passage mal placé...de l'autre cette voie rapide...Quand on n'est pas du quartier on se fait prendre ! C'est au moins le huitième accident de l'année !


La compatissante auvergnate, déshabillé serré contre elle, eut peu le temps de prodiguer sa compassion...pompiers et police arrivaient.

Les secouristes se dirigèrent aussitôt vers la femme qui se plaignait.

 

- Vite ! Occupez-vous de mon père, il est cardiaque !

 

Un secouriste, mallette à la main, se dirigea prestement vers la portière du conducteur. Enfoncée. Il ne put l'ouvrir et décida de faire la piqûre adéquate allongé sur le capot du véhicule...à travers le pare-brise éclaté.

 

- Foutez-moi la paix !

 

Le regard du blessé, crispé sur son siège, était sans appel.
Seringue vidée, le secourtiste rejoignit ses collègues pour participer aux décisions d'évacuation.

 

                                           

 


 
 
posté le 27-09-2008 à 15:26:11

C'est interdit !

- Venez mesdames ! Prenez l'enfant. Entrez dans le fourgon. Nous suivons l'ambulance.

- Je veux rester avec mon père !

- C'est interdit. Nous le suivons.


Des bras vigoureux la rattrapèrent à la porte du fourgon et la contraignirent à s'asseoir. Elle attira le garçonnet, abasourdi, contre sa poitrine. Regard fixé sur l'ambulance qui se frayait un chemin dans le flot continuellement dense et stupidement hostile des voitures.

Vomissements. Hospitalisation. Plaintes ...de la mère.

Heures d'attente dans le couloir...

Visage, mains et vêtement saupoudrés de verres collés par le sang. Enfant resté dans une pièce, collé à la fenêtre, écran de scènes d'allées et venues permanentes...

 

Un jeune médecin arrivait...Pantalon, chemise, blouse immaculée flottant au gré de sa dégaine. Stéthoscope en collier...au fond de l'immense couloir ciré...visiblement son domaine.

 

- Votre père est mort.


                                               

 


 
 
posté le 28-09-2008 à 00:55:14

Voulez-vous un calmant ?

Vision s'embrumant. Mains désespérées cherchant à s'aggriper au bras d'un corps qui recule. Jambes fléchissantes. Vrilles douloureuses dans le thorax...

 

- Venez Madame. Allongez-vous sur la civière... Voulez-vous un calmant ?

- Non,non. Je dois rester lucide...ça va mieux. Sanglota-t-elle larmes sèches à une infirmière...Je voudrais rejoindre mon fils dans la salle d'attente.

- Je vous accompagne. Prenez mon bras.


Questions. Attente. Paperasseries. Attente. Impossible de savoir.
Pourquoi ? Comment ? Le voir...

 

Obligation de déclaration...Courir au commissariat : où ?

Revenir : pourquoi ?

Attente. Questions. Froid du corps. Vacuité du coeur. Déchirement de l'âme...

 

Douze heures après : la morgue...

Puis la nuit...

 

- Papa ! Réveille-toi !... C'est papa !


Terrassés par l'émotion, la fatigue, enfant et époux ronflaient profondément dans la caravane.

Son étonnement faisait place à la peur...

L'arrière-grand-mère décédée une trentaine d'années auparavant, enveloppait ...d'un manteau invisible, aux plis de nuit moirée, le buste du récent défunt...

Paniquée, elle ferma brusquement les rideaux...

Un silence puissant, doux, caressait son visage, calmait ses craintes, réordonnait ses idées...

Elle retira les rideaux et fixa incrédulement ces apparitions...

 

Non ! tout cela était le fruit de son imagination.

Il y avait des arbres dehors, un léger vent sévissait, les feuilles bougeaient...

Elle se pencha...Les arbres aussi, les branches se tordirent différemment..

Elle se pinça. Encore. Plus fort !...Aie !

Après un quart d'heure de vérifications sous divers angles...un peu  consolée, elle plongea ses yeux dans les regards des disparus...

Arcades vides de l'ancêtre immatérielle et visage serein d'un suaire impassible l'informaient...

 

Presque trois minutes que Sabina et Line respectaient le silence lointain de leur visiteuse.

L'astrologue cherchait dans le thème les indices de fatalité. Essayant d'anticiper le récit.

La journaliste refeuilletait ses notes.

 

                                             

                                            

 


 
 
posté le 28-09-2008 à 03:27:51

 

 

                                  PUISSIEZ-VOUS DORMIR

    comme

cet enfant innocent

et

l'Ange des rêves

vous en apporter de très doux !

 


 
 
 

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