VEF Blog

- Sabina ! Toi tu cibles toujours sur la famillel ? As-tu besoin d'un cameraman pour réaliser reportages, micro-trottoir ? Utiliseras-tu seulement des documents d'archives ? Quelles seront tes questions ?

Fatigués et assoiffés par deux heures de vives discussions, auxquelles elle avait peu pris part, les journalistes habituellement accrédités pour ce-genre de débat la regardèrent dubitatifs.

- Tu dois me donner le minutage du film introduisant tes questions. Reprit l'ordonnateur de l'émission.

- L'émission a lieu dans une semaine ; lors de la dernière mise-au-poin, dans deux jours, je te donnerai le teaming.

- Et les questions ?

- Quel inquisiteur ! Tu ne me fais pas confiance ?

- N'sois pas susceptible. Dans 48 heures : je les veux.

- Pour leur remettre ?

- C'est la règle.

- Je dois lire une fiche pour ne pas déroger d'une virgule ?

- Ne sois pas agressive. C'est un honneur d'interroger les chefs des partis politiques devant des millions de téléspectateurs.

- Excuse-moi. La presse  est pllus libre. Spontanée...Le débat démocratique y gagne en sincérité...

Le producteur de l'émission la fixait, se demandant s'il avait bien fait de la contacter pour débattre du statut de la famille avec les candidats. Il voulait une femme.

Elle s'était illustrée dernièrement dans des éditoriaux sur ce thème. N'avait-il pas trop sous-estimé le tempérament de cette scribouillarde dont le premier roman attaquait de front une certaine corruption ?

- Tu ne sortiras pas de ton sujet ? ! Les affaires : interdit !

- Je ne te mettrait pas en difficulté. Tu as peur de "sauter".

Mot sitôt lâché elle se mordit la langue.

Heureusement les spécialistes étaient déjà debout. Prêts à sortir et les invitant pour un apéritif au bistrot habituel.

Accusant le coup, hésitant entre réplique cinglante et pardon. Refermant son dossier et le rangeant dans le premier tiroir de son bureau verrouillé aussitôt, l'animateur soupira, apparemment résigné.

Ces éditorialistes...des bleus.

Aucun sens de l'image. De l'impact d'une grimace due à une question intempestive.

Il aurait un aparté avec elle avant la prochaine réunion.

Sabina accepta l'inviation, mais dès le quart d'heure de politesse écoulé s'éclipsa. Pris séparément ces experts étaient sympas. Iinteréssants.
En groupe, dans les locaux télévisés, elle ne les reconnaissait plus.

Peut-être la folie de l'image. Superficialité de l'apparence, du décor, écrasant de leur vide aguicheur la réalité des faits. La cohérence du discours...

Simplette ronronna gentiment sous la patte nerveuse. Pila maintes fois au rouge. Souffla enfin retrouvant une place dans le parking souterrain.

- Hum! Quel fumet !

- Enfin de retour ! Quelle humeur ? Je nous ai mitonné une blanquette...

- En quel honneur ? Tu as dû passer un temps fou à cuisiner et délaisser tes méditations astrologiques. Ces messieurs seraient-ils moins intéressants que prévu ?

- C'est plutôt toi qui a besoin de réconfort aujourd'hui. Le passage lunaire t'est hostile. Tu dois te sentir agressée et réagir intempestivement.

-  Oh non ! Ne recommence pas. Pas tout de suite ! Je me douche et j'arrive...Mets les infos, Please !

Sabina s'évada de la cuisine pour s'engouffrer dans la salle de bains.

Ce-soir

je n'ai pas le moral

je vais simplement

 remercier du fond du coeur

toutes les gentilles blogueuses

qui m'ont permis de prendre des gifs

pour illustrer mes

fins de pages

***

Vous avez un talent fou ! 

MERCI

*********

Viens mon beau chat, sur mon coeur amoureux ;

Retiens les griffes de ta patte,

Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,

Mêlés de métal et d'agate.

Lorsque mes doigts caressent à loisir

Ta tête et ton dos élastique,

Et que ma main s'enivre du plaisir

De palper ton corps électrique,

Je vois ma femme en esprit. Son regard,

Comme le tien, aimable bête,

 Profond et froid, coupe et fend comme un dard,

Et, des pieds jusques à la tête,

Un air subtil, un dangereux parfum

Nagent autour de son corps brun.

Line hocha la tête, sourire satisfait.

Elle avait raison. Son amie était dans une mauvaise lune.

La cuillère en bois dégoulinant d'une sauce chaude et blanchâtre, la cuisinière repiqua l'ustensile dans la mijoteuse, touilla morceaux de veaux et carottes qui s'accrochaient malencontreusement au fond émaillé d'une vieille daubière récupérée chez sa grand-mère.

Peu de temps après la baigneuse réapparut, frissonnant dans son peignoir usagé, frictionnant ses cheveux ébouriffés par les coups de serviettes énergiques.

- Un coup de peigne et je déguste. Je n'ai pas mis trop de temps ?

- Pas de problème. Tout crame mais c'est parce que j'ai mis trop de farine dans mon roux.

- Ah ! tu mets de la farine ? Moi que du jaune d'oeuf.
- Moi les deux. C'est plus liant. Mais il en faut un soupçon autrement : bonjour scotch brith !

Sabina regardait son amie avec tendresse.

Quelle petite mère elle ferait ; toujours contrebalançant avec une gentillesse un moment stressant.

- Je ne te connaissais pas cette tenue. Ca te va bien !

- C'est une djellaba, achetée hier chez le soldeur. Dans la galerie marchande du Leclerc, rue Marat. Tu devrais aussi, quand tu ne dois pas sortir, porter ce genre de costume. Il est excellent pour la santé, le moral, de n'avoir pas de vêtement comprimant le corps. D'être nue chez soi...Je l'ai lu quelque part...

- Tu deviens coquine !

- Idiote ! Que feras-tu cet après-midi ?

- Je vais plancher sur l'émission télévisée.

- Veux-tu que je te dévoile les candidats ? Leurs faiblesses, qualités, potentialités... telles qu'elles apparaissent dans leur thème.

- Non ! Surtout pas ! Je ne veux pas être influencée avant l'émmission. Ne te vexes pas. Nous en discuterons après. D'accord ? Fais-moi un sourire !

Line ne répondit pas. Se leva.

Elles débarrassèrent la table en silence. Rejoignirent leur chambre.