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Moi les deux

Line hocha la tête, sourire satisfait.

Elle avait raison. Son amie était dans une mauvaise lune.

La cuillère en bois dégoulinant d'une sauce chaude et blanchâtre, la cuisinière repiqua l'ustensile dans la mijoteuse, touilla morceaux de veaux et carottes qui s'accrochaient malencontreusement au fond émaillé d'une vieille daubière récupérée chez sa grand-mère.

Peu de temps après la baigneuse réapparut, frissonnant dans son peignoir usagé, frictionnant ses cheveux ébouriffés par les coups de serviettes énergiques.

- Un coup de peigne et je déguste. Je n'ai pas mis trop de temps ?

- Pas de problème. Tout crame mais c'est parce que j'ai mis trop de farine dans mon roux.

- Ah ! tu mets de la farine ? Moi que du jaune d'oeuf.
- Moi les deux. C'est plus liant. Mais il en faut un soupçon autrement : bonjour scotch brith !

Sabina regardait son amie avec tendresse.

Quelle petite mère elle ferait ; toujours contrebalançant avec une gentillesse un moment stressant.

- Je ne te connaissais pas cette tenue. Ca te va bien !

- C'est une djellaba, achetée hier chez le soldeur. Dans la galerie marchande du Leclerc, rue Marat. Tu devrais aussi, quand tu ne dois pas sortir, porter ce genre de costume. Il est excellent pour la santé, le moral, de n'avoir pas de vêtement comprimant le corps. D'être nue chez soi...Je l'ai lu quelque part...

- Tu deviens coquine !

- Idiote ! Que feras-tu cet après-midi ?

- Je vais plancher sur l'émission télévisée.

- Veux-tu que je te dévoile les candidats ? Leurs faiblesses, qualités, potentialités... telles qu'elles apparaissent dans leur thème.

- Non ! Surtout pas ! Je ne veux pas être influencée avant l'émmission. Ne te vexes pas. Nous en discuterons après. D'accord ? Fais-moi un sourire !

Line ne répondit pas. Se leva.

Elles débarrassèrent la table en silence. Rejoignirent leur chambre.