Sabina claqua vivement la portière de sa voiture.
Le trousseau de clés s'échappa de ses mains encombrées par une pile de dossiers ramenés du bureau. Ils s'étalèrent sur le trottoir lorsqu'elle voulu le ramasser.
- Merde, putain, con !!!
- Que voilà de vilain mots dans une aussi jolie bouche...
Accroupie au milieu des feuillets, elle serra les dents et s'interdit de répondre, s'appliquant à ramasser les pages à présent tachées de poussière. Espérant que les clés n'avaient pas glissé dans une inopportune bouche d'égout.
Brusquement sa main rencontra un élégant mocassin au verni impeccable.
L'inconnu, sciemment , venait d'écraser une page. Allez savoir pourquoi depuis le début elle avait senti que l'homme voulait qu'on le ragardât. Satisfaction qu'elle continuait de ne pas vouloir lui concéder.
Il rit.
Ses dossiers regroupés, toujours courbée et indifférente, la maladroite en tâtonnant raclait les empiétéments des roues.
Ouf !
Elle l'avait en main.
Se relevant elle continua de tourner le dos au mufle. Clencha et s'apprêta à traverser.
L'inconnu la rattrapa. La fit pivoter brusquement.
Les regards qu'ils échangèrent étaient remplis de surprise mutuelle.
Il la lâcha. Monta dans une Safrane noire garée quelques mètres plus loin. Démarra aussitôt.