Le frère, comme chaque été, était chez la grand-mère du nord ; afin que la mère se repose de son caractère turbulent.
Nanette devait toujours rester fidèle à son poste d'aide-ménagère.
Ces vacances-là, il s'agissait de s'organiser pour l'année scolaire. Inscriptions assurées, la mère entreprit de renouer avec ses amies d'enfance.
Ainsi, deux ou trois fois par semaine, au lieu de la sieste obligatoire, elles descendaient au village papoter en tricotant-cousant avec les commerçantes qui tenaient salon devant leur magasin, en attendant les clients.
Nanette préférait la marchande de journeaux-livres.
Souvent, pour lui éviter le "dérangement" elle servait à sa place. Le soir, gentiment, la papetière lui prêtait des revues, qu'elle rendait le lendemain.
La compliticité était renforcée par le fait que son fils avait le même âge. Qu'ils feraient leur communion Solennelle ensemble en mai.
Elle trouvait intéressant d'écouter les femmes parler.
Soit elles évoquaient leur jeunesse : danses dans l'association provençale, émois pendant la guerre..
Soit, elles se plaignaient du manque d'attention de leur mari...
Soit, elles trouvaient des excuses aux frasques de leurs fils. Mais, pas de quartier pour les filles !
Elle appréciait moins les critiques désobligeantes dans le dos de celles qui s'éclipsaient les premières. Ou sur les clients.
Elle ne comprenait pas bien ce fonctionnement chez les adultes.
On devait fréquenter les gens que l'on appréciait. Ou, au moins, ne pas critiquer, en leur absence, ses relations.
Les grands fils de ces dames lui proposaient de venir se promener avec eux et les demoiselles du village. Sa mère lui interdisait. Ils avaient 17/18 ans. Elle n'en avait pas douze ; même si elle semblait être de leur âge.
Elle passa donc de nombreuses après-midi avec les amies de sa mère.
Heureuse de lire, le soir, toutes les revues du magasin de celle qu'elle considéra bientôt comme sa "marraine de coeur".