Le père porta sa grande et lourde valise pendant plus de trois kilomètres ; avant d'utiliser quelques minutes le trolley qui conduisait du port aux pieds de la Bonne Mère. Quelques arrêts avant le terminus, il poursuivit son chemin sous la pluie.
L'averse dégoulinait de sa casquette sur son visage. Son costume. La valise. Les souliers noirs, trempés, rejetaient en couinant la flotte indésirable.
- Papa !
- Débarrasse-toi. Change-toi vite. On n'est pas venu te chercher, vu le temps...
- Tu m'as apporté quelque chose ?
Il se sécha. Se changea. Essuya le valise. L'ouvrit.
- Alors ? Sages ?
- Oui ! Oui ! Oui ! répliqua le gamin. Le nez dans le linge sale, la main fouineuse.
Le père l'assit à sa place. Donna les vêtements à laver. Tendit un petit camion en bois à l'impatient. Un petit paquet à chacune de ses femmes.
Le chauffeur fit immédiatement des bruits de moteur-klaxon.
La mère hocha la tête devant les colifichets andalous ; elle lui avait déjà dit de ne rien acheter et de verser toute la paye sur son compte...