Un bruit d'averse torrentielle réveilla Nanette. La rue, très pentue, accentuait les effets sonores de l'eau. Que de courbatures ! Que de senteurs chaudes-fortes !
S'étirant pour se dégager, elle toucha, involontairement, sa voisine qui grogna. Les rayons du jour dardant à travers les persiennes, permettaient à peine de contempler la scène. Tout le sol était recouvert de corps tordus dans leur duvet. Impossible de se lever sans marcher sur quelqu'un.
Les portes ouvertes permettaient aux respirations des cheftaines et des équipières de jouer un concert insolite. Fallait attendre que toutes ressuscitent de ce champ de bataille. Elle se recroquevilla dans son nid chaud. Attendant le signal du lever.
- Neuf heures ! Tout le monde debout ! Les tartines et le chocolat chaud sont prêts.
Bien reposées, mais ankylosées, elles se levèrent. S'habillèrent. Rangèrent leur sac. Déjeunèrent rapidement. Mains lavées : aux aiguilles !
Le dimanche fut laborieux. Celles qui avaient terminé leurs laines les premières aidèrent les mieux fournies à vider leur sac.
Enfin ! Plus un fil !
Les cheftaines, contentes, annoncèrent le nombre de couvertures-cartons qui pourraient rejoindre, à l'évêché, le service centralisateur.
Vingt heures. Devoir accompli, contentes et fourbues, les patrouilles se séparèrent. Les Guides de France regagnèrent nuitamment leur domicile.
Accompagnées par la fine pluie glaciale d'un hiver tenace.