- C'est quand qu'on part ?!
- Retourne t'asseoir. Notre train a du retard. Nous partirons vers une heure.
Elle regagna son siège de fortune.
La gare continua d' offrir le même film d'un assourdissant et sale scénario.
Elle avait mal au coeur. Ses yeux picotaient.
Enfin ils partirent !
Elle s'endormit bercée-secouée par les roulements de la machine sur ses rails grinçants.
Une violence secousse la réveilla brusquement.
- On est arrivé ?
- Non. Nous sommes dans une gare de triage. Nous changeons de train.
Une heure plus tard le voyage reprit. Fourbue, elle s'écroula de sommeil.
- On est arrivé ?
- Non. Pas encore. C'est le matin. Tu as faim ?
- Je sais pas. Les WC ?
- Attends que je prenne la trousse de toilette. Il faut te débarbouiller. Laver les mains.
Elle se redressa pleine de courbatures. Les banquettes en bois des 3ème servaient un confort imaginaire aux nouveaux bénéficiaires des congés payés.
Le couloir, vide au départ, était bondé. Elles prirent leur tour. La petite cabine était glacée. Encore plus bruyante et secouée que les compartiments. Tout fut vite fait.
Des heures après une voix hurla " Montluçon ! Tout le monde descend !"
- On est arrivé ?
- Non. Nous prenons une micheline.
- On arrive bientôt ?
- Dans quatre heures, au terminus. Dans six heures chez les parents de papa.
- Oh non !
Ils n'arriveraient donc jamais !