- Alors ? C'est demain le grand voyage ?
- Oui mémé. Tiens ton plateau. Attention, la ratatouille est très chaude.
- Tu me raconteras ?
- Oui, mémé. Elle s'assit au bord du lit. D'abord, nous partirons pour Marseille. A 16heures. Nous arriverons vers 20 heures. Demain, nous préparerons les bagages. Nous nous reposerons avant d'aller à la gare. Le train partira à minuit. Nous serons chez les parents de papa après 20 heures de voyage. Après...je sais pas. J'y suis jamais allée. Mais, promis. Je te raconterai tout au retour. Bisous ! Je vais marnger. A t'à l'heure !
Nanette était excitée. Elle allait connaître un nouveau moyen de transport. Des pieds elle était passée au car, avec l'exil en ville. Demain, elle utiliserait le train. La distance était plus importante.
Que les préparatifs étaient fastidieux ! Que l'attente était longue !...
Enfin, la gare ! La file au guichet des billets. La cohue. Le positionnement sur le quai.
- On monte pas dans le train ?
- Non. Ce n'est pas le nôtre. Celui-là va partir. Un autre arrivera. Ce sera le bon.
- Tu nous fais toujours arriver trop tôt ! Regarde l'horloge. Le départ est dans une heure !
A chaque arrivée ou départ de convoi, les quais et les vitres tremblaient. Le grand préau se remplissait d'une fumée puante qui déposait une poudre grisâtre sur béton, bagages, passagers...saisissait la gorge. Faisait tousser.
- Il arrive quand notre train ! On part quand ? J'ai mal aux jambes !
- Tiens, assieds-toi sur la grande valise.
L'enfant fut calée sur la grosse valise, adossée à un pilier. Elle écarquillait les yeux. Fatiguée. C'était pas beau une gare. C'était sale. Ca puait. Plein de gens qui courent dans tous les sens. Des wagons qui attendent. Des employés qui travaillent. Mais à quoi ? Des locomotives hurleuses et cracheuses qui s'amusent à aller-venir...Puis se décident à accrocher une file. Partir. Jamais leur train !