L'été provençal jouait sa partition. Matins féériques. Journées caniculaires. Orages de fin d'après-midi.
Nanette était souvent impressionnée par ces variations brutales. Elle redoutait, admirative, les lourds nuages chargeant soudain le ciel de conton gris-noir, sur une toile céleste virée du bleu azur au foncé argent du plomb. Puis des éclairs colériques zébraient le ciel. Des grondements ininterrompus tonnaient. Minutes d'accords avant qu'un pluie torrentielle s'abatte sur un paysage devenu de paradisiaque à apocalyptique.
Derrière les carreaux de la porte vitrée du séjour, elle regardait, fascinée, le spectacle d'un ciel déchainé frappant la terre de ses foudres. Semblant pourchasser, punir quelques méchants. Puis, aussi soudainement, la colère s'évanouissait. Le ciel retrouvait ses hauteurs. L'azur, zébré de quelques nuées trainantes, resouriait d'un éclatant soleil qui séchait rapidement le sol. Les anges purificateurs offraient aux braves gens l'éblouissement d'un arc-en-ciel.
Nouvel accord entre le ciel et la terre.
Les estivants ressortaient de leur location. Commentaient les rigueurs de la trombe. Les hommes évaluaient les dégâts, sur la rue, de la descente des chemins de terre alentour. Une dizaine de centimètres de boue...Les femmes et les enfants admiraient le nouveau ciel et son arcade colorée.
Même ces jours-là il était possible de passer la soirée "à la belle étoile". Tout l'environnement était à nouveau sec. Le muret de pierre accueillant pour pipelettes et pipelets qui taillaient d'interminables bavettes...
Au douze coups de minuit, au clocher de la cathédrale, les enfants, qui jouaient quelques mètres plus loin, sous le réverbère, étaient récupérés par un parent. Fallait se coucher.
La plupart des vieux du cru poursuivaient leurs conciliabules...
(A suivre)