Le lendemain matin...O surprise !...le sol était recouvert d'un fin voile blanc. Il avait neigé pendant la nuit. Le petit chevreau séparé de sa mère, seul dans le parcage de la remise, devait avoir froid. Elle descendit rapidement se vêtir avec ses affaires confiées au barreau de la cuisinière. Ouvrit les volets. Oh non ! Le grand-père sortait de la porte béante de la remise avec un précieux bol de "sangué", qu'il allait faire poêler pour son petit déjeuner.
- Tu l'as tué !
- N'y vas pas. Je le préparerai tantôt. Viens déjeuner avec moi.
Répondit-il en fermant la porte à clé et la glissant aussitôt dans sa poche.
Horrifiée. Déçue. Elle remonta le perron. Referma les volets. Regagna son lit, glissant toute habillée sous l'édredont encore chaud de la nuit. Elle n'aimait pas ce plat annuel que le vieux appréciait. Même en l'arrosant généreusement avec le vinaigre de vin maison.
Son grand-père comprenait sa réprobation. Il avait sacrifié tôt la bête uniquement pour qu'elle ne voit pas le touchant animal. N'ait pas de peine en le laissant partir à la mort. Mauvais moment à passer. Le jour de Pâques elle remercierait grand-mère pour le succulent rôti trônant sur la table au milieu de sa couronne de pommes-de-terre rissolées dans le jus.
A midi le soleil avait asséché la terre. Dès mémé endormie profondément pour une sieste habituelle, la gamine, qui apréciait de pouvoir régenter son emploi du temps, décida d'aller au cabanon. Peut-être trouverait-elle quelques fleurs précoces ?
Elle se couvrit. CLancha. Descendit les quelques marches bétonnées du perron. Le chien de chasse, enfermé dans l'enclave somblre sous le balcon, aboya. Elle lui dit quelques mots à travers la porte. Fila d'un pas soutenu sur la départementale qui éloignait du village. En direction du sud. Vers les champs en étagères entourant le cabanon et le pigeonnier en pierre. Deux kilomètres plus loin, le portail en bois. Elle ouvrit.Referma derrière elle. Monta le sentier. Chercha patiemment quelques petits trésors offerts par Déméter... Enfin ! Cachées timidement entre les premières pousses vertes, des grappes de violettes l'attendaient.
Le coeur débordant de bonheur devant ces beautés odorantes Nanette les cueillit délicatement afin de ne pas arracher leurs racines. Permettant de futures floraisons.
(A suivre)