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Titre du blog : AVANT ACCIDENT
Auteur : LETO
Date de création : 19-07-2008
 
posté le 23-07-2008 à 21:40:36

L' ODEUR DU CAR !

Heureusement, il y avait les vacances au pays !

 

- Nanette, je n'irai pas chez nous pour Pâques.

- Mais moi ?

- Toi, je te confierai au car. Tonton ira te chercher à l'arrivée. Je reste avec Pierre. Ton papa doit faire escale...

- Je veux le voir !

- Ce n'est pas possible ! Il faut que tu "prennes l'air". C'est trop petit ici. Tu le verras la  prochaine fois.


Elle trouna la tête afin que sa mère ne voit pas les larmes qui menaçaient de couler... Papa ou mémé. Mais quand seraient-ils ensemble, comme avant...

 

Le jour du départ le tramway les conduisit à quelques arrêts du bureau des cars. Sa mère économisait les tickets. Elles terminèrent à pied les derniers  tronçons de la ligne. Arrivèrent essoufflées au bar qui abritait le point de vente des billets. On la présenta au chauffeur qui assura la clienté de toute son attention envers cette passagère, qu'il devrait remettre, au terminus, à l'oncle. Pour plus de sécurité, il la placerait au siège situé à droite du pare-brise. Au niveau de son propre siège. Ce fut pendant des années sa place réservée.

 

L'odeur du car ! Du carburant. Les virages...Autant de gênes qui rendaient la fillette malade. Les jours de départ, elle ne mangeait pas. Ne buvait pas. Prenait un cachet de Notamine vers 16 heures. Cachait dans une poche un petit sachet. Hantée par la peur de se faire remarquer, en arrêtant le car...

 

Heureusement, après un voyage de 4 heures...le bol d'air ! Ah ! marcher sur la terre ferme ! Sans odeur ! Une petite main emprisonnée dans la paluche chaude de l'aîné. L'autre portant fièrement sa mallette en carton ; pleine de dessins pour mémé et grand-mère. Au bout du trajet : la maison.

Sitôt rentrés au bercail les volets étaient fermés.

 

- T'as le chevreau ?

- Oui. Je suis allé le chercher hier à la ferme.

- Je vais le voir.

- Non. Tu le verras demain. Il est temps de manger et d'aller te coucher.

- Tu lui feras pas mal ?

- Tu voudrais qu'il reste vivant. Jouer avec lui dans le pré. Mais en manger rôti pour Pâques !

- Ou..i...


Le rire sonore du grand-père résonna en cascade d'échos dans la maison. Réveilla mémé, qui réclama aussitôt la petiote.

Les vacances pascales pouvaient commencer.

 

(A suivre)