Enfin le printemps !
Les classes retrouvèrent leurs élèves. Les maîtresses leur sourire. Les rues leurs passants. La vie monotone reprit...
Les dimanches, assis sur une vieille couverture mitée, le petit frère jouait avec une boite de cubes.
La mère préparati une purée avec les pommes-de-terre envoyées par colis, via le car effectuant la navette village natal-ville domicile.
La fillette feuilletait le vieux dictionnaire donné par mémé. Les croquis retenaient toute son attention ; puis elle lisait des définitions, choisies à l'aveuglette.
La minuscule piécette était silencieuse afin de ne pas provoquer les griefs de la voisine du dessous. Celle-ci, ou l'une de ses deux filles, frappait au plafond en hurlant des injures au moindre déplacement dans la pièce.
Nanette avait peur de cette mégère.
Tellement qu'elle se retenait au maximum d'aller aux toilettes. Des W.C. étaient en commun, au rez-de-chaussée ; à l'entrée du petit couloir desservant les deux appartements autrefois attribués aux employés de la savonnerie.
Chaque fois que la famille s'en servait, les harpies sortaient de leur logement. Secouaient les portes des commodités. Ebranlaient toutes les fines cloisons. Proféraient des insanités.
Nanette se demandait comment des femmes pouvaient être aussi méchantes avec trois personnes qui étaient polies avec elles. Ne leur faisaient rien.
(A suivre)