Car la fougasse aux anchois préparée par le grand-père maternel...Ca c'était divin ! Un des rares repas où Nanette réclamait sa part.
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Ces journées d'été étaient simples mais heureuses.
D'abord le grand-père, demeurant quelques maisons en amont, arrivait tôt le matin. Deux grandes plaques en fer dans une main. Un sac dans l'autre. Plaques posées, il sortait les ingrédients du sac. Bocal d'anchois au sel. Bouteille de SON huile d'olive. Un pot de SES olives noires. Faillait ouvrir, nettoyer les poissons. Puis, tandis qu'il les écrasait au pilon, Nanette faisait du goutte à goutte avec le précieux liquide. Quand la garniture atteignait la consistance et le volume désirés, pépé étalait le pâton sur les plaques huilées recouvertes d'une fine couche de pâte à pain achetée plus tôt au fournil. Quelques pincées d'herbes de Provence. Parts anticipées grâce aux dispositions des olives..
L'oeuvre était prête.
Alors, "fiers comme Artaban", ils amenaient piétibus leur merveille au fournil du boulanger qui leur faisait cuire pour midi, après ses fournées du matin. Ensuite, souvent pépé descendait au village prendre l'apéro avec des vieux de sa classe. Nanette restait au fournil.
Elle aimait voir l'artisan travailler. Surveiller ses pains à travers la vitre du four à bois.Choisir les pelles convenant aux différentes préparations. Pétrir. Former. Fariner. Cisailler. Sortir la précédente, et enfourner la suivante . Ranger.
Et quelle odeur ! Quels chants de la croûte qui gonfle. Se dore. Eclate. Prévient :
" Je suis prête. Sortez-moi ! Voyez comme je suis appétissante ! Posez-moi au centre de votre table. Bénissez-moi ! Je ressusciterai demain..."
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On était loin de l'odeur nauséabonde de la rue de l'ancienne savonnerie. A cette pensée Nanette frissonna de déplaisir.
Bientôt la rentrée.
Dans une semaine la Grande Ecole !
Plus près de la maisonnette. Donc dans la triste rue de ce pauvre quartier paisible. Où l'usine désaffectée avait laissait son intempestive empreinte.