- NAIVE !
J'ai oublié de te dire que malgré le blocus, un jour j'avais pu joindre le centre de formation...pour réclamer, discrètement, des stages de perfectionnement.
Les crédits sont minces. Tu les sais.
Me fut cependant accordé un complément d'études dans le secteur de contrôle à la production qui m'avait été attribué.
On me permit donc de passer une semaine dans la capitale auprès deux spécialistex nationaux, en septembre 1981.
Une deuxième semaine m'étant promise (je ne l'obtiendrai jamais) l'année suivante, sur le terrain, dans une région à forte densité de cette fabrication.
Ainsi,
une fois teminé un mois de juillet aux contrôles intensifs
(notamment dans les colonies, actions que j'innovais)...
afin qui'l ne puisse pas prétendre, étant en congé annuel,
"quand le chat n'est pas là la souris danse"...
mes vacnaces prises en août,
je débarquai le premier septembre au Service Central...
Un vrai poème !
- Tu dois te souvenir que lors du stage j'arrivais toujours en avance sur l'horaire...Depuis toujours, j'ai la hantise d'arriver en retard à mon job...
S'il me fallait pointer, ma fiche comptabiliserait un laps de temps de présence supérieur à la normale...tant c'est un tracas pour moi...
Evidemment pas d'exception ce-jour-là.
Levée tôt, me voilà trottant vers l'adresse indiquée, plan à la main...en bonne provinciale !
Porte repérée, le café le plus proche, en face, m'offre asile facilement une demi-heure...
Moins le quart, je règle. Sors. Traverse. Entre. I
Interroge le réceptionniste : "au 2ième étage".
Me voilà devant la porte ouverte du bureau. Personne.
Le vaste bâtiment, à 8h50, est quasiment vide...
J'attends...debout dans le couloir.
9Heures...Le silence est de plus en plus souvent rompu par une porte qui claque. Des talons qui martèlent le carrelage...
Deux ou trois fois mes pensées sont interrompues par un visage inconnu qui s'étonne de ma présence et sollicite un motif...
Un brouhaha s'insinue progressivement jusqu'à ce que l'animation s'installe...
9h15...La couleuvre qui sommeillait lovée en mon sein ouvre un oei. Puis deux. Puis se déroule. Se trémousse...
Ca y est ! L'angoisse me prend les tripes.
Comment va se passer cette semaine ?
Quelle sera l'attitude de ce responsable ?...
Est-il misogyne ?
Pourquoi ce bureau vide ?
Devrais-je m'en retourner ? ...
Il y a-t-il contrordre ?...
- 9h 30 ...trois hommes jeunes, décontractés, poussent la porte au fond du couloir. Avancent en discutant...M'apercevant ils pressent le pas.
Puis ce sont les paroles d'usage...
" Vous êtes notre collègue en déplacement?"
" Bon voyage?"
" Déjà là !"
" Vous savez le lundi les arrivées s'étalent entre dix et quatorze heures !"
Une heure après, leur imper rangé, revenus de boire un café pris au self de la maison, ils m'interrogent un peu sur mes activités.
Je raconte, occultant mes problèmes personnels, les difficultés que rencontrent les industriels...Je les questionne sur les actions que nous pourrions entreprendre afin de les aider. Emets des hypothèses concernant des quartiers douteux. Des entrées frauduleuses de marchandises...
Ils s'étonnent :
" Eh bien vous ! Vous en voulez !"
" Bonnes vos idées, mais attendez les nouveaux textes en palabres à Bruxelles depuis trois ans!"
" Vous venez du privé ?"...
L'un résume, m'affranchit :
" Ici, dans l'administration, vous savez, il y a une devise :
NE RIEN FAIRE...LE FAIRE BIEN ... LE FAIRE SAVOIR...
Je regardais mon dernier interlocuteur ahurie...
Le trio éclata de rire, gentiment.
- Tu comprendras que ma première matinée dans la capitale me surprit. Mais, à vrai dire, tous manifestèrent une sympathie de bon ton, qui ne se démentit pas au cours des cinq jours qui suivirent.
Je les harcelais de questions techniques. Sollicitais des sorties avec eux sur le terrain. Ils en organisèrent deux.
Bref, l'atmosphère, comparée à celle dans laquelle je vivais depuis un an me paraisait idyllique. Bien qu'un peu trop "cool" à mon ôût sur le plan de l'efficacité. Bien que sentant quelques rivalités inévitales en société...
Quoiqu'il en soit, l'entregent prévalait... et cela est bien agréable, atténue bien des problèmes.
Je demandai à être reçue par le directeur général, afin de le remercier pour l'octroi de ce stage.
Mes professeurs improvisés me dirigèrent vers son filtre, le directeur du personnel.
Me voilà dans l'ascenseur menant au septième et dernier étage.
Je déchiffre son nom sur une porte fermée. Frappe.
Formulant ma requête, sa réaction me surprend :
- Ah ! ...C'est vous ?!
- Vous me connaissez ?
- Oui...
- Oh la la... c'est mauvais signe, réplliquai-je en souriant, il vaudrait mieux être inconnue dans les services du personnel !
Il sourit.
- Votre inspecteur divisionnaire a parlé longuement de vous, en novembre dernier, lors de votre arrivée sur SON territoire -( il rit )- IL était furieux, affirmant, je le cite "C'est une EMMERDEUSE !".
Mon coeur fit mine de s'arrêter un instant. Puis redémarra en sens inverse. Puis repartit à nouveau dans le bon sens ...mais battant la chamade...
""" Il vous a dit cela suite à sa visite du 26 novembre : il ne me connaissait pas. Il m'a uniquement rencontrée, que dis-je sermonnée, pendant dix minutes...
Ah ça alors ! Vous passez des concours nationaux. Etes titularisée en troisième position. Votre chef refuse votre affectation...Et j'en passe...Et c'est vous l'emmerdeuse !"""
De ma voix stupéfaite, je racontai sommairemnt mes onze mois de calvaire. Côté conditions de travail seulement. Omettant volontairement le côté financier...
Il ouvrait de grands yeux, ébahis à son tour.
Une sonnerie prévenant que je pouvais me présenter, je le quittai pour pénétrer dans l'immense et coquettement confortable bureau de notre Supérieur Général.
Le GENERAL, c'est ainsi qu'ils désignent le Chef du Service Central...
L'entrevue fut brève. Courtoise.
Je rejoignis mes hôtes ...à la fois soulagée d'avoir pu exprimer mes remerciements, et, déçue qu'un notateur... m'ayant aperçue dix minutes, tancée neuf minutes, entendue une minute et jamais écoutée...se soit octroyé le droit, outrepassant son "juste pouvoir", de me faie une réputation au Service Central.
La camaraderie, factice ou sincère, qui régnait en bas me fit vite oublier l'incident, une fois celui-ci narré à mes guides occasionnels...
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