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-  S'ajouta à ce calvaire une autre fatalité...

Le torride soleil provençal accablait les jardinières de rosiers polyenthas indodores mais prolifiques qui attendaient en se ternissant le prochain arrosoir du soir sous la brise quotidienne...

Le chien, affalé dans sa niche au pied des escaliers, redressait ses paupières au moindre bruissement venu de la cuisine où la patronne préparait la salade du jardin ; il aboya joyeusement à l'arrivée bruyante d'un sexagénaire se pressant avec lenteur, coursé par un blondinet, robuste maigrichon braillard.

- Je te tiens papy ! Tu dois faire mon cheval !

- Je suis fatigué !

- Ca fait rien, t'a promis. " A dada sur mon baudet, quand il trotte il fait des pets"

- Vous n'avez pas fini de faire les idiots ! Tu es aussi bête que ton petit-fils. Montez vous débarbouiller. Les estivants nous ont invités à prendre l'apéritif.

- Je viens !

- Non. Toi tu regardes la télévision. Nous ne resterons pas longtemps. Ta maman part demain. Ils veulent lui dire au revoir.

- Alors, je prends l'apéréitif tout seul. Donne-moi des chips !

- Tu ne mangeras plus après.

- Vous, c'est pareil.

- Bon. Tiens. N'en mets pas partout. Prends une serviette, c'est gras !

La terrase de l'appartement loué chaque année aux mêmes parisiens était heureusement ombragée par un tilleul centenaire. Arbre de la Liberté planté par un aïeul revenu sain et sauf de la guerre de 1870.

- Bonsoir. Le soleil a encore cogné aujourd'hui !

- Ah, mais vous êtes venus pour profiter de ses rayons, il est là fidèle au rendez-vous !

- Votre père est heureux aujourd'hui ! C'est qu'il en parle de sa fille ! Nous l'avons trouvé en meilleure forme cette année.

- Cet hiver a été plus clément. Pas de pleurésie.Puis il est devenu sage : il ne retourne plus jardiner dès le repas terminé. Regardez comme il est beau ! Sérieux, avec son régime...on dirait un jeune homme !

Tous rirent.

La jeune femme s'assit sur les genoux paternel, comme chaque fois qu'elle en avait la possibilité : il manquait une chaise...

A l'évidence, ces deux-là étaient sur la même longueur d'ondes...

Le temps s'écoulait agréablement.

Les uns racontaient leur hiver dans les bruyants frimas parisiens...

Les indigènes informaient des semis qui leur avaient préparés dans le jardin ouvert de bon coeur depuis quatre étés.

Tous retraités, ils échangeaient des nouvelles...

- Mon gendre est très content de sa promotion.

Bras droit de son ministre, il a un poste de confiance. Il rédige même ses Etats de frais de route. Plus de 40.000frs par mois....

Moi, je pense qu'il a eu tors de refuser la direction du Service de la redevance télévisuelle.

Ma fille aurait bien voulu vivre à Montpellier...

Que le marchand de sable

vous gratifie

d'un sommeil réparateur

Beaux rêves !

- Cette année, si nous allions visiter le cloître de Ganagobie ?

- Et le château de Lourmarin ?

- On m'a dit le plus grand bien de la gastronomie de "La bonne auberge" à Château-Arnoux...

- J'aimerais enfin ne plus rater les photos des champs de blé ondoyant entre les lavandes du plateau de Valensole !

Retrouvailles ponctuées de blagues superbement narrées par l'estivant.

- ...Il était tellement malade...qu'alors, bien que non croyant, il alla à Lourdes. Lorsqu'on est devenu paraplégique on essaie tout... A la fin du pèlerinage...après maintes prières, dons et bains...Lorsqu'on le sortit de l'eau...le dernier jour...il y avait eu un miracle...Il avait quatre pneus neufs !

Hélios finissait sa course...

Ses rayons embrasaient l'horizon devenu éventail de nuages baignant dans l'or, les pourpres et le vermeil irisé de nacre laiteuse...

Divin écrin au farouche Lubéron...

- Eh bé alors ! J'ai faim moi !

Fou rire général, embrassade amicales, chacun rentra dans ses pénates.

D'autant plus qu'il fallait se lever tôt le lendemain. Papy devait ramener à St Etienne Ninette et l'espiègle gamin ...à l'époux descendu des pluies.

Depuis cinq années déjà, lors des vacances scolaires, les échanges avaient lieu à mi-chemin.

-  Tu te rends compte : plus de 4 briques de frais de route alors qu'ils ont voiture de fonction avec chauffeur ! Ca me fait penser à ce que disait Edmond Maire :

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Les hauts fonctionnaires se doublent ou se triplent leur rémunération officielle par des primes occultes.

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Nos chefs directs...se sont des miettes...

Les caddres "B" des services extérieurs sont stupides.

Faire des faux, qui ne couvrent même pas les frais réels...

Se faire clouer le bec...au lieu de réclamer véhicule de service ou enveloppe de fonctionnement directement versée avec le salaire...

Mais que font les syndicats !

Et tout ça fabrique des chômeurs supplémentaires !!!

- Laisse tomber ma grande.

Mange la pizza que j'ai confectionnée spécialement pour toi ...

Je t'ai fait des petits pâtés de Pâgues pour le voyage.

- Tu es un amour de papa ! Encore levé à 4 heures pour préparer la pâte !

- A mon âge, on dort peu tu sais..

Depuis toute petite tu les aimes tellement !

- Elle n'a qu'à faire comme les autres ! Elle est bien bête ! Un café Ninette ?

- Non, merci maman.

- Moi j'en veux bien un ! Elle sera peut-être mal vue, mais heureusement qu'il y a encore des gens comme ça sur terre ! Sans eux ce serait déjà redevenu la jungle ...

- Pas d'excitant le soir. ça t'est défendu .

- Une petite goutte alors !?

- Encore moins !

- J'adore la faire râler !